DECLARATION OFFICIELLE DU MINISTERE DE LA COMMUNICATION ET DE LA CULTURE EN REACTION AU CLASSEMENT 2022 DE MADAGASCAR SUR LA SITUATION DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

Le Ministère de la Communication et de la Culture exprime sa profonde consternation à la découverte du classement 2022 de Madagascar en matière de liberté de la presse par Reporters Sans Frontières, qui déclasse Madagascar au 98ème rang.

Tout d’abord, le classement rend dubitatif pour la simple raison que RSF lui-même, dans sa propre note qui l’accompagne, met en garde contre son propre classement du fait du changement de méthodologie.

En effet, on peut lire sur son site officiel que « du fait de cette évolution méthodologique, les comparaisons de rang et de score entre 2021 et 2022 sont à manier avec précaution ».

Pourtant, faut-il rappeler que de tels classements, sujets à toutes les interprétations possibles, « à manier avec précaution » comme ils le disent, ternissent gravement l’image de tout un pays.

Ensuite, il est déplorable de constater que les données sur lesquelles se basent RSF pour évaluer la situation de la liberté de la presse dans notre pays sont des données qui ne sont pas à jour.

En effet, après examen minutieux de la « fiche pays » qui accompagne et explique le classement, deux éléments majeurs nous interpellent :

Premier élément dont voici l’extrait :

« Cadre légal :

Il est assez rare qu’un journaliste se retrouve en prison pour des faits relevant de l’exercice de ses fonctions. Toutefois, le code de la communication adopté en 2016 ne consacre que partiellement la fin des peines privatives de liberté pour les infractions les plus courantes, comme l’outrage, la diffamation ou la divulgation de « fausses nouvelles ».

Les possibilités des autorités de fermer des médias ou d’arrêter des programmes sont assez larges, et les différents régimes qui se succèdent sont souvent tentés d’y avoir recours – comme en 2021, lorsque les autorités ont voulu interdire des programmes et émissions dans une dizaine de médias car susceptibles de troubler l’ordre public avant de finalement y renoncer. »

Il convient de porter à l’attention de RSF que la loi en vigueur régissant la presse depuis le 1er septembre 2020 à Madagascar est « la loi 2020-006 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2016-029 du 24 août 2016 relative à la communication médiatisée».

Sachant que dans sa note, RSF indique que le cadre légal fait partie des critères d’évaluation par « le panel d’experts » et est déterminant dans la notation.

Or la notation se fonde sur la loi 2016, unanimement jugée liberticide par la profession et contre laquelle l’Etat par le biais du Ministère de la Communication et de la Culture s’est engagé à apporter des réformes en profondeur.

C’est ainsi que les réformes entamées depuis 2019 ont abouti à l’adoption de la loi 2020-006 promulguée le 1er septembre 2020 consacrant totalement la fin des peines privatives de liberté pour les journalistes reconnus coupables de délits de presse.

Il est révoltant de constater que RSF et son « panel d’experts » ont totalement occulté l’existence de cette nouvelle loi dans ce classement 2022.

Il est ahurissant de lire la mention faite par RSF indiquant que les données de ce classement ont été arrêtées fin janvier 2022 soit un (01) an et quatre (04) mois après la promulgation de la nouvelle loi sur la communication médiatisée.

RSF s’est donc lourdement trompé de législation.

Deuxième élément dont voici l’extrait :

« La radiotélévision publique (RNM et TVM) reste largement dominée par les directives de la communication gouvernementale.

En 2021, un reportage basé sur de faux témoignages a été réalisé et diffusé à l’antenne de la TVM pour discréditer une journaliste et ses révélations sur les conséquences d’une famine d’origine climatique. »

Le Ministère s’insurge contre le fait que RSF s’érige en organe d’arbitrage à Madagascar et qu’il s’est chargé de trancher sur la véracité ou non d’un reportage ou d’un élément journalistique.

En effet, il est scandaleux de constater que RSF impose sa présomption de culpabilité et sa présomption d’amateurisme à l’encontre des correspondants nationaux et gratifie d’une présomption de vérité et de professionnalisme un correspondant étranger.

Le RSF se substituerait donc à la justice malagasy pour juger que les journalistes des médias publics malagasy sont forcément coupables de « faux témoignage » et que les correspondants étrangers détiennent forcément la vérité.

C’est aussi entraver la liberté des journalistes des chaines publiques malagasy à effectuer leurs propres reportages sur des faits d’actualités que de juger de l’extérieur, sans un travail d’investigation in situ un reportage, de « faux » et de « faux témoignage ».

A la lumière de ces faits, le Ministère de la Communication et de la Culture ne peut que s’interroger vivement sur la crédibilité de ce classement.